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Dans notre précédente newsletter, nous avons exploré les raisons structurelles pour lesquelles les start-ups et les PME africaines francophones se lancent rarement dans une introduction en bourse, en citant le rôle joué par les bourses locales telles que la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), la bourse unifiée de huit pays d’Afrique de l’Ouest [lecture indispensable]. Pour approfondir cette conversation, j’ai rencontré cette semaine Corinne Houmou Ormon, directrice du bureau national de représentation (ANB) de la BRVM en Côte d’Ivoire.
Au cours d’une présentation détaillée suivie d’une discussion, Ormon a exposé les succès, les déceptions, les frictions internes et les obstacles externes qui façonnent le parcours des PME vers les marchés publics en Afrique de l’Ouest. Il en résulte un aperçu rare et honnête de la réalité, au-delà des ambitions politiques et de la théorie.
1. Un marché en pleine croissance qui attend toujours les PME
« La BRVM est passée d’une capitalisation boursière de 1 milliard de francs CFA (1,8 million de dollars) à 10 milliards de francs CFA (18 millions de dollars) en 2024. La profondeur est là. » Ormon commence par replacer l’évolution de la bourse dans son contexte. Lorsque la BRVM a été créée en 1998, sa capitalisation boursière totale était d’environ 1 milliard de francs CFA (1,8 million de dollars).
« À la fin de 2024, nous atteindrons 10 milliards de francs CFA (18 millions de dollars). Nous sommes désormais la 5e plus grande bourse d’Afrique », a déclaré Ormon. Le marché de la dette est passé de 20 lignes obligataires à 156, et la bourse dessert désormais huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (WAEMU/UEMOA), représentant une population de plus de 140 millions de personnes.
Le ratio capitalisation boursière/PIB est passé de 9 % en 2012 à plus de 15 % en 2024, grâce à des initiatives stratégiques telles que BRVM TV et des programmes de gouvernance pour les sociétés cotées.
Mais la profondeur du marché ne résout pas à elle seule le problème fondamental : les PME et les start-ups sont encore rarement cotées en bourse.
Le compartiment Croissance : un outil taillé pour les PME, mais encore sous-utilisé
La BRVM a créé trois compartiments distincts : Prestige, Principal et Croissance, ce dernier conçu spécialement pour les PME.
« Nous avons volontairement réduit les critères pour le compartiments Croissance :
- Capital minimum : 10 millions FCFA, contre 100 millions pour les autres compartiments ;
- Capitalisation minimale : 100 millions FCFA, contre 1 milliard sur le marché principal ;
- Deux ans d’historique, contre dix ans pour le compartiment Prestige. »
L’objectif est clair : ouvrir la porte. Pourtant, les entreprises ne la franchissent pas encore.
L’échec relatif du programme ELITE : “beaucoup de préparation, peu de résultats concrets”
Entre 2018 et 2022, la BRVM s’est associée à la Bourse de Londres (LSE) et à la Bourse de Casablanca (BVC) pour déployer le programme ELITE, une initiative de préparation de deux ans destinée à préparer les PME à leur introduction en bourse.
« Nous avons formé trois cohortes d’une dizaine d’entreprises chacune. Douze entreprises ont obtenu le label ELITE… mais aucune n’est entrée en bourse », a déclaré Ormon.
Une seule entreprise a fait appel au marché obligataire en émettant deux emprunts obligataires. Une autre hésite encore à ouvrir son capital. Il est important de noter que l’ensemble du programme a été entièrement subventionné. Pourtant, le pipeline n’a pas abouti.
Ce qui a fait échouer le programme, ce sont « des obstacles tant internes qu’externes ». Ormon ne cache pas les défis à relever :
- Manque d’engagement et instabilité stratégique
« Malheureusement beaucoup d’entrepreneurs ne se sont pas engagés personnellement dans le processus. Ils envoient un représentant, changent d’activité en cours de route ou ne fournissent pas toujours les documents nécessaires. » La préparation à une IPO exige une discipline administrative, financière et stratégique qui reste rare.
- Refus de payer les frais et commissions
« Certaines PME ne comprennent pas que les coûts initiaux sont des investissements pour l’avenir. » Pour bénéfier du marché public, cela vient aussi avec en assumer les étapes pour y arriver, y compris la gouvernance et les couts.
- La transformation juridique SARL → SA
La plupart des PME en Côte d’Ivoire fonctionnent sous la forme de sociétés à responsabilité limitée (SARL), mais leur introduction en bourse nécessite leur conversion en sociétés anonymes (SA), l’ouverture du capital, la mise en place d’un conseil d’administration et l’adoption de mesures de transparence. Pour beaucoup, cela représente un changement culturel et structurel considérable.
- Le cycle fermé du private equity
« Les boites préfèrent les investissements par les fonds qui eux préfèrent vendre à d’autres fonds, et non en bourse. Cela crée un système fermé d’exits entre investisseurs, sans passer par les marchés publics. »
Certains fonds internationaux préfèrent vendre à des acteurs étrangers plutôt que de tester la liquidité locale.
- Courtiers et intermédiaires peu motivés
Autre point sensible : « Les SGI préfèrent travailler sur les grosses émissions obligataires d’État, qui rapportent bien plus. Les projets PME demandent énormément de travail pour de petites commissions. »
Résultat : chaque acteur clé du pipeline a une bonne raison de ne pas pousser la PME vers la bourse.
2. Certaines introductions en bourse sur le BRVM sont florissantes, parfois même de manière spectaculaire
Malgré ces obstacles, l’appétit des investisseurs reste fort. Par exemple :
- Orange Côte d’Ivoire : période de souscription clôturée en 48 heures, fortement sursouscrite.
- Loterie nationale du Bénin : sursouscrite.
- Une banque béninoise : introduction en bourse réussie début 2025, également sursouscrite.
« Lorsque l’entreprise est crédible, visible et bien valorisée, le marché réagit. » Selon Ormon, les ingrédients d’une introduction en bourse réussie sont les suivants : un discours clair, une forte notoriété de la marque, une gouvernance saine, une valorisation réaliste et une campagne de communication solide. Elle ajoute : « Une start-up comme Djamo susciterait un énorme intérêt sur le BRVM. Elle dispose du produit, de la traction et de la marque. »
Alors, que faut-il changer ?
À la question : qu’est-ce qui doit changer pour que les PME et les startups viennent vraiment en bourse ? Elle nous repond :
- Réaligner les incentives du marché
« Courtiers, fonds, entrepreneurs, régulateurs : chacun doit y gagner. Aujourd’hui, les incentives ne sont pas alignés. »
- Créer une taskforce régionale
Une initiative majeure est en cours : « Une collaboration avec plusieurs organisations et partenaires, tels que la Banque africaine de développement (BAD), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Société financière internationale (SFI), des sociétés de capital-risque (VC) et des fonds de capital-investissement (PE) afin d’identifier les entreprises prêtes, de lever les obstacles et de co-créer un pipeline d’introductions en bourse. »
- Développer de nouveaux instruments
Nous avons discuté sur la possibilité d’avoir des ETF vu leur une exposition diversifiée aux PMEs/startups. « Nous préparons sur un projet là-dessus. Ils amélioreront la liquidité. »
- Mettre en place un pré-IPO structuré
Ormon évoque la nécessité de financer la mise à niveau : conversion juridique, audit, gouvernance, coaching. « Les fonds pourraient cofinancer ces étapes pour leurs propres participations ou d’autres institutions pour aussi le faire. »
Conclusion : une équation à plusieurs inconnues, mais une dynamique qui s’accélère
Le constat est clair :
- La BRVM fait sa part : régulations adaptées, compartiment Croissance, formation, sensibilisation, partenariats, pipeline potentiel.
- Les investisseurs sur le marché répondent dès lors que la qualité est au rendez-vous.
- Les PME et les fonds, en revanche, doivent encore évoluer : gouvernance, transparence, stabilité, volonté de jouer le jeu du listing.
L’entretien avec Ormon confirme que les blocages ne sont pas essentiellement techniques ou réglementaires : ils sont aussi et avant tout culturels, incitatifs, et structurels. Mais les fondations sont posées, et certains signaux montrent que la dynamique peut changer rapidement.
Pour Ormon, la BRVM continuera dans sa lancée, son travail et ce focus pour les PMEs/Startups. La balle est aussi dans le camp des entrepreneurs, des gestionnaires de fonds, et des intermédiaires. La première vague d’IPO pourrait bien venir d’eux.
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