Le cadre réglementaire de la BEAC : GIMACPAY comme pivot
En 2018, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a publié l’Instruction 001/GR/2018, définissant les principes d’interopérabilité (argent mobile, cartes bancaires, virements) via le système GIMAC. Deux ans plus tard, le gouverneur Abbas Mahamat Tolli a annoncé que l’interopérabilité mobile au sein de la zone CEMAC était désormais opérationnelle. Le lancement de GIMACPAY, une infrastructure intégrée de monnaie électronique gérée par le Groupe du Fonds monétaire interbancaire de l’Afrique centrale (GIMAC), a marqué un tournant.
La mise en œuvre de GIMACPAY permet désormais d’envoyer de l’argent entre utilisateurs de différents comptes (portefeuilles ou comptes bancaires), dans toute la zone CEMAC, ainsi qu’au sein de l’UEMOA. Contrairement à l’UEMOA, où Wave dominait, dans la CEMAC, ce cadre a été centralisé dès le départ via la BEAC, ce qui a structuré un environnement de jeu plus régulé dès le départ. Depuis 2020, plus de 70 acteurs – banques, opérateurs d’argent mobile et prestataires de services de paiement – y ont été connectés.
Qu’est-ce qui a été réalisé d’ici 2025 ?
- Fintechs : Contraintes strictes en matière de licences, mais accès à un marché plus vaste.
- Banques et institutions de microfinance : Compétitivité accrue par rapport aux opérateurs télécoms.
- E-commerce et marketplaces : Méthodes de paiement interopérables, frictions réduites.
- Agritech et Healthtech : Paiements décentralisés, utiles en zones rurales.
Insurtech et microassurance : Collecte simplifiée des primes. - Transferts de fonds de la diaspora : Réception fluide et multi-portefeuilles.
Le point de vue d’un fondateur de startup sur sa collaboration avec GIMACPAY
Pour mieux comprendre la réalité à laquelle sont confrontées les startups, j’ai discuté avec un entrepreneur de la région qui a accepté de partager son expérience de manière anonyme, étant donné que l’entreprise est toujours en pourparlers réglementaires.
Cette interview a été légèrement modifiée pour plus de clarté.
Comment votre startup s’est-elle adaptée à l’obligation d’interopérabilité de la BEAC ?
D’un point de vue réglementaire et technique, nous n’avons pas eu beaucoup d’adaptations, car nos API étaient déjà conçues pour l’interopérabilité. Elles étaient utilisées par d’autres et vice versa. J’avais anticipé que l’interopérabilité arriverait tôt ou tard. Mais la réalité s’est avérée bien différente de ce que j’avais imaginé.
GIMACPAY a-t-il créé davantage d’opportunités ou davantage de défis ?
Les deux. Sur le papier, c’est une opportunité, mais sa mise en œuvre pose d’énormes défis.
Quels sont les principaux coûts et obstacles liés à l’intégration ?
Les frais réglementaires annuels sont élevés, notamment pour les acteurs locaux. Il y a aussi des coûts logistiques : l’envoi d’ingénieurs pour travailler sur l’intégration implique des frais de transport, d’hébergement, etc. Mais le véritable obstacle réside dans la capacité technique. L’infrastructure est encore immature et le niveau de compétences n’est pas toujours suffisant. Les serveurs sont parfois obsolètes au regard des exigences d’interopérabilité, et certains tests sont encore effectués manuellement, ce qui est lent et fastidieux.
Considérez-vous l’interopérabilité comme une menace ou un catalyseur d’innovation ?
Pour les acteurs historiques, c’est une menace, car ils préfèrent captiver leurs clients. Mais pour ceux qui souhaitent innover, c’est une opportunité. Il n’y a aucune raison que le paysage des paiements dans la CEMAC reste fragmenté. À terme, il y aura plusieurs acteurs, et seuls quelques-uns sortiront vainqueurs.
Comment voyez-vous l’écosystème fintech de la CEMAC dans cinq ans ?
Cinq ans, c’est trop court. Les choses évoluent lentement. Les opérateurs télécoms resteront dominants grâce à leurs ressources et à leur clientèle. Des acteurs comme Wave vont également bouleverser le marché, et il sera intéressant d’observer leur impact.
Conclusion : Un New Deal pour la finance numérique
La CEMAC a choisi d’emblée une voie centralisée et réglementée. Le système GIMACPAY, bien que limitant parfois l’agilité, crée un marché structuré, transparent et plus inclusif. Pour les startups, l’enjeu est désormais de se différencier non seulement par la fluidité des paiements, mais aussi par des services financiers à forte valeur ajoutée.
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